lundi 7 octobre 2013

MJ : maître de jeu, meneur, arbitre, animateur, facilitateur, ambianceur, et puis quoi encore ?!

Avant-propos : j'ai suivi, il y a peu, une formation pour devenir formateur occasionnel et tout le long des deux jours qu'a duré cette formation, je n'ai pu m'empêcher de trouver en écho aux conseils de notre formatrice pour endosser au mieux le rôle de formateur, des notions qui renvoyaient aux fonctions du MJ. Voici ce que j'en ai retenu, peut-être y trouverez-vous comme moi quelques conseils utiles pour mieux endosser votre rôle de MJ, quelles que soient les fonctions que vous mettez derrière ce nom.


Les 4 rôles du formateur


En plus de l'expertise sur le domaine dans lequel le formateur doit intervenir (qui est un pré-requis naturellement), voici les 4 qualités que doit développer un formateur.

Orateur
Il s'agit d'utiliser un langage accessible, d'expliciter son propos, et retenir que la fluidité est plus importante que la qualité d'expression.

Animateur
Il s'agit d'occuper l'espace, d'alterner entre position assise et debout, de varier l'intonation et sa diction, d'alterner l'utilisation d'outils pédagogiques (ici donc plutôt de techniques de jeu), rythmer et ambiancer la session.

Pédagogue
Il s'agit de réussir à impliquer les participants, utiliser des questions ciblées, faire preuve de patience et de tolérance.

Manager
Il s'agit de se positionner en tant que leader (voir plus loin ce que cela implique), de gérer le groupe, de garantir l'équilibre (temps, participation, que chacun trouve sa place, faire des arrêts pour s'assurer que tout est clair, que tout le monde est dans le même train), de favoriser et assurer l'intérêt collectif, de maintenir la place de chaque participant, d'exercer une autorité constructive (différente de la notion de pouvoir) tout en sécurisant le groupe et en n'étant pas rigide sur le contenu.

Mise en oeuvre du Leadership


Voici les différentes notions et étapes qui se trouvent derrière l'idée de se positionner en tant que leader.

Phase de lancement
Elle comprend ce qu'on pourrait appeler un rituel de préparation, arriver un peu en avance, prendre un peu de temps seul avant de commencer. Il s'agit ensuite de présenter l'objectif collectif du groupe et la finalité de cette formation, bien clarifier pourquoi le groupe est présent et présenter clairement le contrat passé entre le formateur et les participants.

Distribution de la parole
Il s'agit d'établir clairement le cadre de communication, les règles de fonctionnement (prises de paroles, interventions, interruptions). Un tour de table peut être réalisé avec des questions orientées pour évaluer les attentes des différents participants, tout en alertant sur le fait que toutes les attentes ne pourront peut être pas comblées si elles sont trop différentes et trop éloignées du cadre prévu.

Préservation d'un avis / d'une opinion
Il s'agit de tourner de manière positive les interruptions et questions des participants, les inviter à participer mais de manière cadrée, faciliter la prise de paroles des personnes plus timides. Il s'agit également de ne pas rater les personnes qui seraient en désaccord, de leur demander ce qui les gênent ou sur quoi portent leurs désaccords, reconnaître leurs propos sans les censurer mais recadrer au nom de l'intérêt commun.

Recadrer / Gestion de l'auditoire
Il s'agit de savoir recadrer les participants par rapport à l'objectif de la formation (de la session), au sujet ou la question traitée, et à la gestion du temps disponible. Il s'agit de mettre en place une dynamique de groupe, qui part de la vision de chacun, passe par le compromis et se termine par la réalisation de l'objectif par un travail commun.

Faire des synthèses ponctuelles
Il s'agit de s'assurer que tout le monde est bien en accord avec ce qui vient d'être établi, et de désamorcer dès que possible tout désaccord qui pourrait resurgir plus tard sinon.

Un bon leader (et donc formateur, et a priori donc MJ), est celui qui parvient à conserver l'équilibre entre l'intérêt commun et l'intérêt individuel, il doit être directif sur la forme (autorité sur les règles implicites / explicites) et non directif sur le fond (droit à l'expression individuelle). En cas de déséquilibre, il peut devenir trop directif sur le fond (rigide, rigoureux) ou non directif sur la forme (laxisme, favorise trop l'ambiance, le plaisir individuel au détriment du groupe).

Pour conclure: que pensez-vous de ce rapprochement entre les fonctions de formateur et de MJ ? En voyez-vous d'autres indispensables ? Y-a-t'il d'autres méthodes pour favoriser la mise en place d'une dynamique de groupe ?

8 commentaires:

  1. Avec Franck, quand nous suivions la formation à l'IUFM pour devenir prof, la construction des cours, fixer les objectifs, la gestion de classe et tout le blabla ressemblait fort à la préparation d'une partie de JdR aussi.

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    1. J'allais justement dire que ça me rappelait quelque chose...

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  2. Outre donc le fait que ça me rappelle quelquechose... Je pense qu'il ne faut pas trop "formaliser" la fonction du MJ; certes il y a un peu de tout ça, mais dans une formation, tout le monde n'est pas toujours là parce qu'il en a envie - on peut supposer que pour une partie de JdR, les joueurs ont envie d'être là et puis on est aussi entre amis avant tout, la plupart du temps (on a moins le risque d'avoir un MJ qui commence par dire à un joueur "je trouve votre ton aggressif et je n'apprécie pas trop vos remarques" en début de partie, alors qu'en formation...). Cela dit, il faut aussi les qualités sus-mentionnées de meneur pour s'assurer que l'après-midi ou la soirée tourne bien en partie de JdR et non en une simple discussion entre potes (ce qui n'est pas forcément un mal, m'enfin dans ce cas, inutile de faire des persos et préparer un scénar). Mais au final, faut quand même que ça ressemble à une bonne rencontre entre potes, et pas trop à l'ambiance qu'il y aurait au boulot ;-)

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    1. Les tables de rôlistes "recomposées" posent parfois quelques soucis (n'est ce pas Laury ?), et je pense que le jeu en club (je ne l'ai pas beaucoup pratiqué, mais pour ce que j'en ai vu...) doit parfois demander d'être un MJ un peu plus "carré" que lorsqu'on se trouve entre potes. Mais cadrer le jeu et recadrer en cours de partie doit pouvoir éviter que la session ne parte en "sucette", et comme nos temps de jeu sont de plus en plus rares, il est dommage de "gâcher" du temps de loisir faute d'avoir su intégrer les attentes de chacun.

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  3. Je pense que si on arrêtait de tenir la jambe au MJ pour qu'il s'occupe de tout, tout le temps et que si tous les joueurs s'occupaient d'apprendre leurs règles, de faire attention à ne pas se faire chier mutuellement, d'être fair-play et d'assurer un minimum de bonne ambiance, comme avec n'importe quel loisir, on aurait des MJ un peu plus enjoués et des joueurs un peu moins boulets.

    Je veux dire : le MJ doit déjà interpréter beaucoup plus de persos que tout le monde, et bien souvent préparer la séance. Bon, il se trouve que ça m'amuse. Mais jouer les garde-chiourmes et les gentils animateurs en plus, ça, ça me gave. Apprends les règles, sois bon joueur, participe.

    Non, sérieux. Quand j'étais minime au base-ball, on jouait en interclub et y'avait pas de de juges de touche, on devait le faire nous-même. Jamais posé problème. Aussi, on arrivait à l'heure, on était fair-play, on connaissait les règles et on ne se mettait pas des gros coups de batte dans la tronche quand on s'ennuyait (et le base-ball, formellement, n'est rien d'autre qu'un apprentissage de l'ennui).

    Avec l'âge j'ai perdu patience : bizarrement, je demande la même chose à mes co-participants que ce dont sont capables des mômes de 10 ans qui jouent en minime.

    Mais c'est juste moi.

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    1. Oui, tout comme toi, ce que je recherche maintenant avant tout c'est de la proactivité chez les joueurs et de l'implication. J'ai l'impression que certains rôlistes, avec de vieilles habitudes et pratiques, ont du mal à s'impliquer ou à savoir ce qu'ils attendent vraiment du jeu de rôle, que ce soit parce que les jeux "traditionnels" avaient des systèmes inadaptés ou qu'ils aient eu affaire à des MJs "castrateurs" leur refusant un droit à une créativité partagée...

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  4. Tiens, radio-roliste n°26 partie 2 et 3 aborde les fonctions du MJ, avec Wenlock.
    A noter une petite phrase qui m'interpelle et qui mériterait un article peut être : et le joueur, il a des fonctions ?

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    1. J'irais ré-écouter ces deux podcasts, mais je crois pouvoir affirmer sans me tromper que oui le joueur a aussi des fonctions, parfois clairement établies mais souvent réduites dans les jeux traditionnels à faire de son mieux pour "réussir" le scénario, quelles que soient les notions que l'on met derrière ce terme. J'essaie de réfléchir à un billet là-dessus, en essayant d'éviter de tomber dans le piège de ce qui se trouve déjà dans le contrat social...

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