dimanche 14 décembre 2014

Principes de la philosophie stoïcienne - Discipline de l'assentiment

Avant-proposle précédent billet a présenté les Devoirs sur lesquels repose la  "Citadelle Intérieure", reproduite dans le schéma ci-dessous pour rappel. Mais il est également demandé au sage stoïcien de construire une discipline du jugement basée sur l'assentiment qu'il donne aux événements. Dans le présent article, je vais développer les méthodes sur lesquelles repose cet assentiment. Je finirai ce billet et cette série d'articles sur le stoïcisme, en essayant de résumer au mieux ce qu'il y a à retenir de cette philosophie.


Discipline de l'assentiment


Pour rappel, la discipline de l'assentiment requiert de toujours examiner et critiquer les jugements que je porte, que ce soit sur les événements qui m'arrivent ou que ce soit sur l'action que je veux entreprendre. L'assentiment initie le mouvement vers le désir ou l'impulsion à l'action. Mais ceci est inséparable de l'adhésion intérieure à un certain jugement et à un certain discours prononcé au sujet des choses.

La discipline de l'assentiment repose sur deux méthodes: la définition physique et l'Amor Fati.

Définition physique


Le principe directeur doit critiquer la subjectivité déformant le réel, afin de passer d'un discours intérieur subjectif à celui objectif. La subjectivité fait intervenir des considérations étrangères à la réalité. La définition physique vise à rechercher la représentation objective en situant les événements et les objets dans la perspective de la Nature.

Elle fera voir le peu de valeurs des choses dépouillées de leurs apparences. Par rapport à la valeur qu'est la pureté de l'intention morale, tout est vil, mesquin, souillure. Elle permet de réfléchir sur le caractère relatif et subjectif de la notion de souillure et de chose répugnante.

Elle sert à écarter tout faux jugement sur les choses et les événements qui nous paraissent pénibles ou répugnants. Ce qui est vraiment répugnant ce sont les passions et les vices, pas certains aspects de la matière comme les aspects physiologiques et physiques du fonctionnement du corps et de la transformation continuelle des choses en nous et autour de nous : la poussière, la saleté, la mauvaise odeur, la puanteur, car tous ces aspects ne sont que des conséquences nécessaires mais accessoires de l'impulsion donnée à l'origine des choses par la Nature.

La familiarité avec la Nature permet de reconnaître que les choses qui paraissent répugnantes, écœurantes, terrifiantes sont en fait belles car elles font partie des processus naturels, découlant indirectement de l'intention de la Nature.

Amor Fati


Etre indifférent aux événements qui ne dépendent pas de moi, c'est ne pas faire de différence entre eux, et donc de les aimer également. Ne pas rompre la cohésion du Tout en refusant d'accepter tel ou tel événement. Vouloir l'événement qui arrive dans l'instant présent c'est vouloir tout l'univers qui le produit, c'est éprouver un sentiment d'intimité avec l'univers. Le moi comme principe directeur coïncide avec le principe directeur de l'univers. En consentant aux événements, la prise de conscience du moi se hausse de sa situation limitée, de son point de vue partial et restreint d'individu à une perspective universelle. Ma conscience se dilate aux dimensions de la conscience cosmique.

Qu'il y ait une providence ou seulement des atomes, l'attitude morale stoïcienne est la seule possible: "Si tout va hasard, toi ne va pas au hasard."

Que retenir du stoïcisme ?


Le stoïcisme repose sur trois préceptes:
  • La vertu physique pour appréhender le rapport au monde
  • La vertu éthique pour appréhender le rapport aux autres
  • La vertu logique pour appréhender le rapport à soi

La Physique vise à ce que nous prenions conscience de notre part insignifiante dans l'Univers, que la seule valeur en regard de cette insignifiance est l'intention bonne moralement, et qu'il ne sert à rien de craindre ou de chercher à éviter les événements qui arrivent.

L'Ethique vise à définir les règles régissant notre rapport aux autres. Le stoïcisme n'a qu'un seul but, le bien de la communauté humaine. Chacune de nos actions devrait viser cet objectif, et porter en elles la bienveillance, la douceur, la bienfaisance et la justice envers autrui.

La Logique vise à diriger notre jugement, à lui donner des règles pour appréhender les événements de notre vie, ainsi que de guider nos désirs et nos actions. Ces règles doivent nous aider à préserver notre sérénité face à ces aléas de la vie et à reconnaître les valeurs véritables.


Pour conclure : ainsi se termine cette série d'articles sur la philosophie stoïcienne. Cette philosophie se montre très exigeante envers quiconque voudrait suivre ces préceptes. La stricte observance de ces préceptes n'est qu'un idéal à atteindre, et le sage en a pleinement conscience, mesurant chaque jour sa progression vers cet idéal inaccessible. Il existe d'autres philosophies plus accessibles, comme l'épicurisme par exemple, et d'autres encore plus difficiles à suivre, comme le cynisme. J'aborderai en détail ces deux philosophies dans des articles dédiés futurs.

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